La Belle Grammaire
Jean-Pierre, un professeur qui a plus de vingt ans d`expérience à l’Institut de Français, a fait un cours sur la grammaire ce matin. Peut-être parce que j’ai toujours aimé la grammaire, j’ai découvert, à ma grande surprise, que je comprenais tout ce qu’il disait, chaque mot. Nous sommes restés dans le grand salon toute la matinée avec Jean-Pierre, et les heures ont passé pour moi comme cinq minutes. Ce n’était pas l’expérience de tous les autres élèves. Un ami qui habite en Suisse m’a dit plus tard que la matinée avait été une torture pour lui, comme la grammaire l’avait été quand il était jeune. Mais pour moi, Jean-Pierre était vraiment extraordinaire et intéressant. Il m’a ouvert plusieurs portes, notamment l’importance du mode subjunctif, qu’il dit offrir une intimité qui n’existe pas en anglais. Il était si clair et si bien informé sur le français qu’il l’a transformé en un monde irrésistible. Il a fait tout ça simplement en enseignant des points très précis, comme les huit types de mots, les quatre catégoires de pronoms, les six modes des verbes et autres renseignements palpitants pour un poète comme moi.
Jean-Pierre nous a aussi donné des conseils géréraux: “Ne vous traumatisez pas quand vous faites des fautes,” a-t-il dit. “La priorité n’est pas la correction des phrases.” C’est de comprendre et d’être compris. Jean-Pierre a cité l’exemple de Pierre Salinger, un Américain qui a habité longtemps en France et est devenu un homme respecté ici pour sa sagesse et sa compréhension de toutes les choses françaises, même si Salinger fassait beaucoup de petites erreurs quand il parlait français. “Vous faites l’honour d’apprendre le français,” Jean-Pierre nous a dit. Par conséquent, à son avis, les français ne s’attendent pas à la perfection de notre part. C’était rassurant, mais en même temps ses mots doux ont créé en moi encore plus de désir d’améliorer ma connaissance et ma facilité à propos de cette langue subtile et forte.